Des francophones d’Orléans ne peinent pas à accéder à des soins de santé en français. Les professionnels bilingues ne manquent pas et d’après quelques témoignages, il est possible de résider dans la banlieue et de ne jamais être contraint à consulter un spécialiste de la santé anglophone. Ailleurs à Ottawa, la situation n’est toutefois pas tout à fait la même. C’est néanmoins ce que vit Madeleine Hurtubise.
Cette dernière a résidé à Orléans pendant 22 ans. Dans la banlieue, elle rapporte ne jamais avoir eu de mal à se faire servir en français.
« J’ai eu trois médecins, et les trois étaient des francophones. Nous avons eu un pédiatre francophone également », se souvient-elle. Même son dentiste et son optométriste étaient de langue française.
D’après ce que rapporte Mme Hurtubise, « les cliniques d’urgences [à Orléans] avaient également des services en français ».
Quant à eux, les laboratoires médicaux avaient parfois des employés anglophones, mais souvent bilingues, témoigne-t-elle.
C’est lorsqu’elle a déménagé, il y a maintenant quatre ans, dans le quartier Côte-de-Sable, dans le centre-ville d’Ottawa, que tout a changé.
« Il est très très difficile d’être servi en français à Ottawa », déplore-t-elle.
« Depuis mon déménagement, les services dans les laboratoires et les cliniques d’urgence sont pratiquement toujours en anglais. Les pharmacies, pharmaciens, pharmaciennes sont unilingues anglophones », regrette l’ancienne Orléanaise.
Cette dernière explique avoir perdu son médecin de famille à Orléans pendant les années de pandémie. « La clinique que je fréquente [maintenant] m’offre les services [...] toujours en anglais », observe-t-elle, mis à part une personne qui parle français, mais qui est « rarement accessible ».
« Je me cherche désespérément un médecin de famille francophone à Ottawa. La tâche est ardue », soupire-t-elle.
Mme Hurtubise se console néanmoins avec l’Hôpital Montfort et le Carrefour santé Aline-Chrétien.
« L’Hôpital Montfort fait une différence… chaque fois que je m’y suis présentée dans les quatre dernières années, j’ai eu des services en français », se réjouit-elle. « Le pavillon Aline-Chrétien, à Orléans, offre aussi d’excellents services en français. L’accueil et les bénévoles sont également bilingues », remarque Mme Hurtubise.
L’ancienne Orléanaise souligne également que l’Université d’Ottawa offre désormais une formation en pharmacologie en français, une première en Ontario. Elle espère que le programme permettra de former davantage de spécialistes en soins de santé francophones.
Une question de confort
L’Orléanaise Véronique Migneault abonde dans le même sens que Madeleine Hurtubise.
Mme Migneault raconte qu’elle n’a rencontré aucun obstacle, jusqu’à maintenant, pour recevoir ses soins en français, à Orléans – un service non négociable, à ses yeux.
« Me faire servir dans ma langue officielle [me permet] de mieux comprendre, même si je suis bilingue », explique-t-elle.
Pour elle, il s’agit d’abord et avant tout d’une question de confort, avant d’en être une idéologique.
Par ailleurs, l’Orléanaise tient à ce que son enfant reçoive les mêmes services. Elle raconte avoir tenu à se faire suivre par une gynécologue francophone à Orléans, et à accoucher à l’Hôpital Montfort, non seulement pour être elle-même servie dans sa langue maternelle, mais pour que son enfant ait accès à des pédiatres francophones, et « qu’il comprenne ce que les médecins lui disent ».
« Même au Centre hospitalier pour enfants de l’est de l’Ontario (CHEO), j’exige d’être servie en français », insiste Mme Migneault.
Bref, cette mère de famille atteste être en mesure de recevoir ses soins de santé en français, à Orléans, sans problème, et a bien l’intention de continuer à les réclamer.